Le temps au treizième siècle

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Bien souvent, lorsque l’on regarde des programmes télévisés ou des films, ou lorsque l’on lit des romans historiques, on constate que les manières modernes de mesurer le temps sont transposées au Moyen-âge. Durant le Moyen-âge, le temps était par contre mesuré de façon très différente, alors voici une note rapide sur le sujet du temps en Europe de l’ouest au treizième siècle.

Les années

Il existait plusieurs manières de mesurer les années. On trouve parfois les années écrites sous une forme que l’on reconnaîtrait aujourd’hui, telle que « 1217 » (à noter cependant que l’on considérait que l’année débutait le 25 mars et non le 1er janvier) mais il y avait aussi d’autres manières de mesurer, la plus répandue étant par année de règne, ce qui donnait quelque chose du genre « au cours de la dix-septième année du règne du roi Philippe Auguste ». Et pour compliquer encore les choses, les rois médiévaux dataient leur règne du jour de leur couronnement, et non de celui de leur accession au trône, donc il faut être prudent lorsque l’on établit des dates en utilisant cette méthode.

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Un tableau des différents systèmes de mesure du temps.

British Library MS Egerton 3088, fol 114v.

Les mois

Il s’agissait des mêmes douze mois que nous connaissons, et il était bien établi qu’à chaque saison étaient dédiés des travaux spécifiques.

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L’image d’un homme faisant la récolte, extraite de la page “Juillet” d’un livre d’heures.

British Library MS Royal 2 B II, fol 4r.

 

Les jours

Les jours de la semaine étaient les mêmes qu’aujourd’hui, et les gens au treizième siècle savaient très bien quel jour on était, ne serait-ce que pour savoir s’ils étaient autorisés à manger de la viande ou pas! Quant aux dates, on utilisait parfois des expressions modernes, telles que « le deuxième jour d’avril », mais dans des textes contemporains on retrouve aussi fréquemment des fêtes religieuses et des fêtes de saints : « à la Saint-Bartholomé », ou « deux jours après la fête de la Pentecôte ». Le premier cas permet de situer des dates avec une certaine précision, car les fêtes des saints tombent à la même date chaque année ; cependant, avec des fêtes dont les dates varient comme Pâques et la Pentecôte il faut faire un peu plus attention pour pouvoir établir une date.

Les heures

C’est là où l’on risque de commettre le plus d’erreurs. Nous avons l’habitude de nos journées de vingt-quatre heures, structurées, divisées avec précision en minutes et secondes mais pour les gens du début du treizième siècle, cela aurait été un concept étranger. Pensez-y un instant : dans un monde sans pendule ni montre, comment ­­­­diviser le temps de manière si précise? Ce n’est tout simplement pas possible, et personne n’essayait. Au lieu de cela, une journée au treizième siècle comptait douze heures, du lever du soleil à son coucher, ce qui signifie qu’ « une heure » était plus ou moins longue selon la période de l’année. Sexte (« la sixième heure ») était à midi ; la journée était ensuite subdivisée en tierce (« la troisième heure ») au milieu de la matinée, et none (« la neuvième heure ») au milieu de l’après-midi.

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L’heure canoniale de prime.

British Library MS Egerton 1151, fol 88v.

Pour des divisions encore plus petites il fallait utiliser d’autres mesures, par exemple “le temps de marcher jusqu’au moulin et d’en revenir” ou “le temps de dire trois Notre Père”.

S’il y a bien quelque chose que vous n’entendriez personne dire, si vous arriviez en Angleterre ou en France en 1217, c’est « je serai là dans vingt minutes » !